Sur
le clichés c’est ni l’un, ni l’autre. Mais
ces deux bateaux échoués montre bien que parfois il
peut avoir problème. A droite la Jenny, bien à plat,
a gauche l’Hag a bréman, bien couché sur le
flanc. Le général était de cette sorte, mais
nous ne l’avions jamais vu comme cela, et pour cause ; Tonton
Fanch à l’approche de chaque grande marée ne
manquait de nous dire « Vous l’avez mouillé assez
loin ? car vous savez, il ne se relève pas ». Nous
répondions toujours oui et ce devait être vrai, car
au matin il flottait.
C’était pendant la saison 65 probablement vers la mi-août
qui comme vous vous en souvenez amenait toujours une belle grande
marée. On l’aimait bien ce bateau et nous le bichonnions.
Après quelques retouches sur la coque, Il nous restait encore
à peindre la tête de mat. Sur un des albums Yves Dirou
vous voyez une stagiaire au rappel sur un chaise de gabier. Ce n’était
pas un instrument créé pour améliorer les performances
du bateau… Je l’avais faite justement pour monter en
tête de mat et une fois en fin d’après-midi,
mouillé assez loin dans le chenal, je me suis décidé
et fait hisser là haut armé d’un pot de peinture
et d’un pinceau. Quoique la mer fut calme ce qui était
sur le pont un petit balancement devint en haut nettement moins
agréable, mais ce n’étais pas le moment de se
dégonfler, j’y étais et j’ai barbouillé
sans traîner. Barbouillé je l’étais aussi
d’autant plus qu’une seconde s’imposait ! ce serai
peut-être mieux de l’échouer, mais ça
nous l’immobilisait une journée, pas trop le moment.
Je suis aller à la cuisine me faire offrir un coup de cidre
pour me remettre d’aplomb et entre la rengaine de Tonton Fanch
« Tu l’as mouillé assez loin ? » Oui oui.
Marée haute vers 18 heure… basse mer vers minuit. Il
y a bien longtemps que nous étions au lit. Cette année
pour la première fois, nous avions notre dortoir et donc
les premiers le matin à voir la flotte. La cloche sonne…
7h30 ou 8h, le jusant avait commencé. Je traîne un
peu et ne sais plus qui vient me tirer du lit en hurlant «
Le général est au fond, on ne voit plus que le haut
du mat ». Me souvenant de la veille ma réponse fut
nette : Prend l’annexe et va passer la seconde couche !
« Mais non, c’est vrai »
Là ce fut un peu la panique, effectivement seule la tête
de mat dépassait. Nous nous attendions à un coup de
gueule de Fanch, mais rien ou bien peu. « il va falloir que
je sèche la dynamo, mais j’en ai une autre à
la maison ».
A la basse mer nous sommes allés patauger dans la vase, colmater
les trous d’échappements du moteur, de la pompe, bloqué
des bidons vides dans la cale, Prame et annexe crochés au
bastingage et ce fut l’attente. L’eau rentrait bien
encore un peu mais il a fini par se décoller de la vase.
Sauvé ! Mais nous sûmes que ce n’était
pas la première fois.
Par la suite il fut toujours mouillé très loin…
9 février 2007 – Géo. |